
✨ C’est notre cœur ouvert qui fait rentrer les miracles dans notre vie ✨
Astrid LoeschPartager
Il est 16 h 00 et le soleil, encore haut dans le ciel azuréen, commence doucement à s’adoucir. Il a perdu un peu de la dureté brûlante du zénith et sa lumière plus dorée, plus chaude, dépose sur les vagues de longues traînées scintillantes. L’eau claire et rafraîchissante m’invite à plonger dedans. Je fends la mer de deux-trois brassées, lorsque des sons bruts, sans mots, chargés d’une intensité viscérale accompagnés d’éclaboussures, viennent perturber la sérénité des baigneurs. Les regards figés se tournent vers ce jeune adulte dont les troubles du spectre de l’autisme effraient. Je passe à côté de lui et continue à nager au large, triste de voir le cercle des vacanciers s’écarter. Lui, ne les voit pas, ne les entend pas. Il est ailleurs. L’eau vibre sous ses mains et répond à ses gestes dans un langage que lui seul connaît, son corps entier tendu vers quelque chose d’invisible. Ce n’est pas de la colère, seule une forme de présence différente où le monde extérieur ne peut pénétrer.
Lorsque je reviens du large, la liesse des bords de plage a repris le dessus. Au milieu des ébats joyeux, un cri émerge de nouveau, porté par la mer. Je tourne la tête et comprends qu’il s’adresse à moi. A quelques mètres, le jeune adulte est sorti de sa bulle et me regarde. Veut-il me dire quelque chose ? Lorsqu’il entend ma voix, il s’approche de moi en me tendant la main. Je lève la mienne pour répondre à son invitation, tout en m’excusant de ne pas trouver écho à ses sons dans ma propre langue. Il s’approche alors au plus près, et soudain, avec la confiance pure d’un enfant, s’accroche à mon cou et replie ses jambes autour de ma taille. La tête blottie contre ma peau, ce cœur ouvert me gratifie d’un des plus beaux instants d’amour que je n’ai jamais connu : authentique, sans condition, inattendu. Mes bras l’entourent très légèrement pour ne pas l’effrayer, mais suffisamment pour lui offrir mon cœur en retour.
Le temps se suspend durant quelques minutes, puis il se détache, redescend doucement dans l’eau, sa main toujours dans la mienne. Je ne comprends toujours pas ses mots mais lui adresse un «merci» ému. Le goût du baiser qu’il dépose sur ma joue avant de partir est celui du miracle, d’un être qui s’est ouvert à l’inconnu (e) en dépit du possible, avant de retourner vivre tranquillement dans sa présence.
✨L’amour est le substrat du miracle de la vie. Sans cette essence, tout se désagrège. ✨